Les vallées d’Aure et du Louron présentent un patrimoine riche, authentique et bien préservé qui est caractéristique du milieu montagnard, à la fois dans les paysages, dans l’architecture et dans les savoir-faire. L’obtention en 2008 du label Pays d’Art & d’Histoire des Vallées d’Aure et du Louron vient reconnaitre et mettre en valeur ce patrimoine remarquable.
De par leur isolement, ces vallées n’ont pas connu de vandalisme lors des guerres de Religion et de la Révolution française. Elles sont restées à l’écart de ces bouleversements et ont su garder une authenticité très marquée.
Quelques repères historiques
A l'époque Gallo-romaine, le territoire a profité du rayonnement de Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges), une cité proche et prospère qui sera bientôt l'avant-poste de la chrétienté pour les Pyrénées centrales.
Puis, au Moyen Âge, la Vallée d’Aure appartenait au pays des Quatre vallées (Neste, Aure, Barousse et Magnoac), avec Arreau comme capitale, qui jouait un rôle administratif, politique et judiciaire important. Malgré le rattachement de la vallée à la Couronne de France au XVe siècle, la vallée d’Aure, comme la vallée du Louron, conserva une certaine autonomie administrative avec des privilèges ancestraux.
Le château des Nestes à Arreau, siège de Justice du XVIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe siècle
Un lieu de passage incontournable
De tout temps, les vallées d’Aure et du Louron, de par leur situation géographique, ont été un lieu de passage que ce soit entre le versant français et le versant espagnol, entre le col d’Aspin et le col du Peyresourde, ou entre le piémont et la montagne.
Agricoles, économiques, spirituelles, touristiques, les raisons de traverser ces vallées ont été multiples, chaque époque ayant connu des motivations différentes :
La vallée du Rioumajou
Le développement touristique
Aux XVIIIe et XIXe siècles, les Vallées d’Aure et du Louron ont participé à leur échelle à l’essor du thermalisme, mais sont toutefois restées encore principalement orientée vers l’agropastoralisme jusqu’au milieu du XXe siècle. Après la 2nde Guerre mondiale, grâce aux gros chantiers hydroélectriques, dont celui de Cap-de-Long (1947-1953) qui apporta d’importantes ressources humaines et financières, le développement touristique commença avec la création de la station de Saint-Lary. Avec l’inauguration du premier téléphérique reliant Saint-Lary au Pla d’Adet, c’est en 1957, le lancement des sports d’hiver moderne et du tourisme d’hiver sur le territoire.
Le Pla d’Adet à Saint-Lary-Soulan
Quelques années plus tard, en 1971, la création de Piau-Engaly puis de Peyragudes et de Val Louron, complèteront l’offre et si les vallées avaient un certain « retard » dans l’aventure du tourisme, elles l’ont largement rattrapé. Le caractère relativement préservé de leurs villages et de leurs paysages s’avère en ce sens, un atout réel pour toucher un public en recherche de qualité et d’authenticité.
Autre atout touristique, le lien avec l’Espagne au travers du tunnel d’Aragnouet-Bielsa. En 1955, la Haute-Vallée d’Aure en est alors aux balbutiements du tourisme, et côté espagnol, le village de Bielsa est totalement enclavé, sans route carrossable vers les autres villes aragonaises. Après des débats de haute lutte pour réussir à convaincre les dirigeants des deux versants et une longue phase de travaux, le tunnel sera inauguré à l’automne 1976 et deviendra une des clés pour le développement du territoire.
Aujourd’hui, le territoire tend à un développement équilibré : en conservant une authenticité à travers la préservation de son patrimoine naturel et l’architecture des villages, tout en poursuivant un important développement touristique.
Architecture
Des maisons caractéristiques du milieu montagnard
Chaque village et bourg, bâti au pied des versants ou à mi-versant, offre au regard un art de bâtir local exceptionnel où se distinguent porches et portails, façades, cours, galeries, capucines, etc. Les maisons, les fermes et les granges foraines (véritable patrimoine pastoral) sont bâties avec des matériaux locaux : le bois, la pierre, l'ardoise, ou encore le sable pour les enduits.
Les bourgs (Arreau, Sarrancolin, Ancizan, Guchen), avec leur architecture quasi-urbaine, témoignent du commerce et de la manufacture de la laine, ainsi que des foires et marchés qui firent prospérer l'économie locale dès le XVIe siècle.
Rue royale et Porte Sainte-Quitterie à Sarrancolin
Les bâtisseurs d’antan déployaient dès lors des trésors d'ingéniosité et de savoir-faire pour s’adapter au terrain, sans le dénaturer, tout en créant une cour centrale parfaitement plate et protégée des regards extérieurs. Elle est l’élément autour duquel toute la vie est organisée dans une quasi autarcie, en hiver surtout. Il en résulte une multitude de formes et une harmonie dans l’architecture traditionnelle locale, bien plus complexe qu’en plaine.
Construire dans la pente a un dernier avantage, celui de mieux capter le soleil. Car dans des villages à l’habitat dense, les maisons se font ainsi moins d’ombre les unes les autres. Cet art de bâtir montagnard a donc créé un patrimoine architectural rare, à observer, à conserver et à reproduire pour plus d’harmonie.
Maison à cour fermée construite dans la pente à Aulon
Des églises romanes aux décors peints
La plupart des églises des vallées d’Aure et du Louron remontent à l’époque romane. Elles présentent des dispositions simples : une nef unique prolongée par une abside semi-circulaire et terminée à l’ouest par un clocher-mur. L’entrée, généralement placée au sud, accède au cimetière.
Certains de ces édifices sont remarquables par leur décor architectural.
Eglise Saint-Vincent Saint-Barthélemy de Vielle-Aure (De style roman avec son chevet orné de bandes lombardes)
Les chrismes (monogrammes du Christ) sont un autre décor architectural très présent en vallée d’Aure.
Chapelle Saint-Exupère d’Arreau orné d’un chrisme au centre du tympan (à gauche) et chrisme à Grézian (à droite)
Les églises romanes ont souvent été reconstruites ou agrandies aux XVIe et XVIIe siècles. C’est à l’occasion de ces travaux qu’ont été mis en place des décors peints qui constituent aujourd’hui l’une des richesses du patrimoine des vallées. On en retrouve dans les églises de Bourisp, Jézeau, Mont, Vielle-Louron, etc.
Détail peint chapelle Saint-Etienne de Gouaux (à gauche) et Jugement Dernier à l’église Saint-Barthélemy de Mont (à droite)
Le retable, placé derrière l’autel, joue un rôle décoratif tout en mettant en avant le sens de l’eucharistie. A partir du XVIIe siècle, le retable participe au renouveau liturgique exigé par la Réforme catholique. Dans ce même temps, des artistes locaux, comme la famille Ferrère d’Asté (vallée de Campan), réalisent des œuvres remarquables jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Ces retables baroques contrastent avec la sobriété architecturale des églises.
La Cène à l'église Saint-Mercurial de Vielle-Louron (à gauche) et retable réalisé début XVIIIe par Dominique Ferrère à l'église Saint-Félix de Valois à Aulon (à droite)
La voie du Piémont pyrénéen
La voie du piémont pyrénéen, qui longe la chaîne des Pyrénées, était, dès le XIIe siècle, une route de pèlerinage importante. De cette voie du piémont se détachent plusieurs voies alternatives qui s’étirent, côté sud, jusqu’au fin fond des vallées pyrénéennes, comme la vallée d’Aure. Les pèlerins empruntaient cette vallée pour se rendre non seulement à Compostelle, mais aussi à Saragosse ou à Montserrat. Sur place, l’accueil de ces passants (pèlerins, marchands ou voyageurs) était assuré par des établissements laïcs (les hospices) ou religieux (les hôpitaux). L’hospice du Rioumajou est le seul édifice encore conservé de nos jours, et qui était utilisé pour l’accueil des voyageurs. Dans la vallée d’Aure, les hôpitaux, étaient, pour la plupart, la propriété des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem : l’hôpital Saint-Jean de la Combe d’Aragnouet (dite à tort « Chapelle des Templiers ») et l’église de Jézeau. Toutes 2 ont été inscrites en 1998 au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des Chemins-de-Saint-Jacques.
Eglise Saint-Laurent de Jézeau Chapelle dite « Des Templiers » à Aragnouet
Un réseau de tours de guet
La proximité de la frontière a amené la nécessité de se protéger. En particulier, dans la période où les hordes sarrasines ont mené leurs razzias destructrices. Dès le IXe siècle des tours commencent à se dresser. Leur implantation permet de communiquer entre elles, formant un véritable réseau. Encore debout, comme à Génos, Loudervielle, Cadéac et Tramezaygues, dissimulées dans le clocher comme à Estarvielle, ou ruinées comme à Bordères-Louron, ces tours sont les témoins des combats des hommes pour protéger leurs vies, leurs familles et leurs troupeaux. Elles rappellent aussi la présence de cette noblesse d'armes dans la vallée.
Tour de Moulor et chapelle Sainte Marie-Madeleine à Loudervielle
Des édifices classés et inscrits aux Monuments Historiques
Les vallées d’Aure et du Louron présentent de nombreux édifices et monuments d'intérêt :
À Arreau, une Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP) a été créée en 1995 pour préserver la qualité de l’architecture ancienne et son environnement, sur l’ensemble de la commune, tout en permettant une évolution urbaine, économique, sociale et culturelle harmonieuse.
Pour en savoir plus…
Tout ce patrimoine a fait parti d’un inventaire réalisé à l'époque par la Direction Régionale des Affaires Cutlurelles et la Région Midi-Pyrénées, que l’on peut retrouver sur le site : http://patrimoines.midipyrenees.fr/le-patrimoine-de-midi-pyrenees/index.html
Sur ce site, une page est consacrée au Pays d’art et d’histoire des vallées d’Aure et du Louron : http://patrimoines.midipyrenees.fr/decouvrir-le-patrimoine/presentation-du-pole-patrimoine-en-midi-pyrenees/les-villes-ou-pays-dart-et-dhistoire-en-midi-pyrenees/vallees-daure-et-du-louron-pays-dart-et-dhistoire/index.html.
Lien vers le site du Pays d’Art & d’histoire des Vallées d’Aure et du Louron : http://www.patrimoine-aure-louron.fr/